Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Docteur Antho & Mister Sid
Derniers commentaires
4 juillet 2012

Jour 1 (The Wall part II )

 Ce qu'il vivait actuellement ne lui semblait pas inédit. Il croyait que ç'aurait été plus dire, mais il s'habituait bien à cette nouvelle condition. De l'autre côté du mur, les gens s'amusaient, il en était certain, mais ce n'était plus pour lui.

Personne n'avait lu son message se disait-il, et il semblait s'en foutre royalement. Il se demandait même pourquoi il avait fait cela... Il avait peut-être voulu faire passer un dernier message à l'extérieur.

Il se sentait con, vraiment con, parce qu'il avait voulu croire jusqu'au bout que ce mur était bancal, et que n'importe qui aurait pu le détruire avec la pensée... Peut-être que c'était vrai, mais lui n'y croyait pas, n'y croyait plus. De toute façon, ça n'était pas arrivé... Il se foutait royalement de ce qu'il pouvait se passer de l'autre côté, mais pourtant il semblait triste. C'était juste une illusion, comme tout ce qu'il avait été jusque là, il n'avait été qu'illusion.

Jusque hier, il avait fait illusion face au monde... Chaque sourire, chaque mot n'était qu'une façade derrière laquelle il se cachait dès le moindre problème. Finalement, le mur n'était que la même chose, en plus visible. Cependant, il était tellement visible que les gens ne comprenaient sans doute pas à quoi il servait.

Elle avait gardé ce message dans sa poche... Elle avait vingt ans, l'âge de l'insouciance disait-on, mais elle se semblait troublée par ce mot, jeté nonchalamment. Les garçons de son âge s'intéressaient beaucoup à elle, sans qu'elle sache vraiment pourquoi. Elle n'avait jamais eu confiance en elle et sa vie sentimentale s'était résumée à quelque chose de vide, comme si il manquait vraiment quelque chose pour qu'elle soit heureuse. Du coup, elle se sentait isolée bien qu'elle ait beaucoup d'amis.

Elle relut ce mot. Quelque chose l'inquiétait. Elle s'inquiétait souvent pour les gens, qu'elle les connaisse ou non. Elle avait peur que ce mot soit le dernier mot d'un homme qui s'était flingué ensuite. Elle avait un peu étudié la graphologie et savait distingué une écriture d'homme de celle d'une femme, et elle savait que c'était un homme qui avait écrit... Mais pourquoi avoir jeté ce mot en pleine rue ? Qu'avait-il fait après ? Elle décida de retourner où elle avait trouvé le mot...

« Hey you, don't tell me there's no hope at all...

Together we stand, divided we fall ! »

 

Il avait écrit cela sur le mur quelques jours avant de s'enfermer. Il ne pensait plus ce qu'il avait écrit, mais ne pouvait pas l'effacer... Il restait fixé sur tout ce qu'il avait écrit. Il y avait beaucoup de haine, beaucoup de pensées qu'il avait refoulé devant les autres mais qu'il écrivait ici pour s'alléger le cœur. Il y avait aussi quelques prénoms... Les prénoms de toutes les filles qui l'avaient déçu au cours de la construction de son mur, et aussi celles qui l'avaient déçu auparavant. A chaque fois qu'il regardait cette liste, son cœur se brisait, et il craquait nerveusement, ce qui se résumait à de multiples crises d'angoisse.

Quand il voyait cette liste, il pensait que toute sa vie était là, avec, pour chaque nom, un échec différent, pour chacune d'elle, un dégoût qui était né d'un sentiment qu'il aurait mieux fait de taire, ou qu'il avait fini par taire mais qui lui faisait mal.

Aujourd'hui, en relisant cette liste, il ne ressentait rien. C'était ce qu'il voulait, c'était le signe qu'il n'avait pas commis d'erreur en construisant ce mur, c'était la preuve qu'il était nécessaire de passer par tout cela pour être libre d'après lui. Il prit une des briques restantes en dehors du mur et la casse pour pouvoir écrire. Il écrivit un dernier nom, puis rajouta le sien. Il ne savait pas pourquoi il avait fait cela, comme si il s'était volontairement mis dans la liste des responsables de la construction. C'était sûrement le cas se disait-il...

Il profita de sa craie de fortune pour barrer tout ce qui ne lui plaisait plus dans ce qu'il avait écrit auparavant. Il ajouta dans un coin du mur ce qu'il avait écrit sur le bout de papier la veille et ajouta après :

« Who knows, who cares ? »

 

Puis, sans même l'ombre d'un doute, sans même un sentiment visible dans son regard devenu sombre avec le temps, il ajouta à la suite :

« NOBODY... »

 

Il jeta la craie au sol, et s'assit contre le mur. Il fit rapidement le vide dans son esprit et se mit dans un état de léthargie...

Elle était dans sa voiture, à la radio passait « Time » des Pink Floyd. Cette chanson lui faisait peur, non dans son interprétation, mais dans ses paroles. Elle avait peur de manquer de temps, de remarquer trop tard qu'elle avait gâché son temps en futilités. Elle avait peur de vieillir, et de finir aigrie. Elle accéléra et arriva là où elle s'était trouvée la veille, devant ce grand mur qui semblait sortir de nulle part, et chercha quelque chose qui permettrait de savoir qui était cet homme qui avait écrit sa lassitude du monde...

 

Publicité
Commentaires
Docteur Antho & Mister Sid
Publicité
Archives
Newsletter
Visiteurs
Depuis la création 529
Publicité